samedi 31 mai 2014

Odezenne - Rien

On s'la joue local aujourd'hui avec un extrait du nouveau EP d'Odezenne, groupe bordelais avec lequel mon fils me bassine depuis deux ans.
Et finalement...
Comme quoi la valeur n'attend pas le nombre des aînés.



http://odezenne.blogspot.fr/
http://odezenne-ex-o2zen.bandcamp.com/album/rien

lundi 26 mai 2014

jeudi 22 mai 2014

Mon Dieu riez pour nous.

Le tour de force de l'église c'est de réussir à faire croire que le Royaume de Dieu est une République Démocratique.

mardi 13 mai 2014

Galop d'essai.

Roy Lichtenstein, in the car, 1963
Rodolphe avait rencontré Hélène chez des amis communs.

Au cours d'un de ces dîners où l'on a fait bien attention de respecter la parité des convives et, donc, à proposer aux célibataires présents de rencontrer l'âme sœur, entre la poire et le fromage.

Rodolphe et Hélène ont chacun un lourd passé affectif qu'ils ont le bon goût de garder pour eux, ce qui explique que nous n'en sauront pas plus.
Ils aimeraient tous les deux, la quarantaine passée, retrouver un second souffle, des émotions qu'ils n'ont plus connu depuis longtemps, genre un grand amour qui déchire tout, vous voyez ?
Mais ils savent également par expérience qu'il vaut mieux rester prudent, et qu'Hollywood ce n'est pas la porte à coté.

A table, puis sur le canapé, ils discutèrent, discutèrent, et plus que par politesse. Enchanté par sa pétillante voisine , Rodolphe lui proposa d'aller voir le dernier film des Frères Cohen pour lesquels ils s'étaient découvert le même engouement.
Elle accepta d'y aller avec joie et, ce qui ne gâche rien, avec lui.



Trois jours plus tard, il passèrent à nouveau une charmante soirée.
Le film était bon, les commentaires des deux amis pertinents. Pour continuer leur conversation débridée, il l'invita à dîner deux jours plus tard.

Ils partagèrent une fois encore de bons moments, s'amusèrent beaucoup, et entre eux une certaine complicité, insouciante et sans arrière pensée, se créa.

Ils continuèrent de se retrouver régulièrement, avec un plaisir sans cesse renouvelé, tant et si bien qu'au bout de quelques mois, sans être inséparables, ils ne voyaient quasiment plus personne d'autre.

Ce soir là, alors que Rodolphe raccompagnait Hélène chez elle, cette dernière consultant son calepin lança dans le fil de la conversation :
- Tu sais que que cela fait exactement 4 mois ce soir que nous nous sommes rencontré ?

Le feu passe au rouge, Rodolphe s’arrête sans relever.

Du coup un ange passe également.

Au fond d'elle même, Hélène se dit : "Bon sang, t'es conne ou quoi ? Qu'est-ce qui t'a pris de dire un truc pareil ? Maintenant il va croire que je compte les jours, ou pire que j'aimerai que notre relation évolue vers quelque chose qu'il ne souhaite peut-être pas..."

Rodolphe par devers-lui : "Putain, quatre mois !"

Hélène continuant son monologue intérieur : "N'importe quoi vraiment, ma pauvre fille...ça va le tracasser c'est sûr. Alors que ça me va moi ce genre de relation, enfin je crois, on se connaît à peine après tout. Et j'y ai pas vraiment réfléchi non plus, hein ? Est-ce que j'ai vraiment envie que nos rapports évoluent vers, je sais pas moi...un niveau d'intimité plus...sexuel, ou vers, une vie ensemble, un mariage ? Pour la vie ? Est-ce que je suis prête pour ça ?"

De son coté, l'air de rien, Rodolphe n'est pas en reste : "Voyons, quatre mois...ça fait novembre, ouais. On a commencé à se voir juste après avoir acheté la voiture...ça veut dire que...il jette un coup d'oeil au compteur...Ouh la oui ! j'suis à la bourre pour la vidange depuis un p'tit moment déjà !"

Hélène voit sa mine se renfrogner : "Il est énervé maintenant, voilà, t'as gagné ! Je peux le voir sur son visage. Il doit se dire que ça fait long non ? Peut-être que je l'ai mal jugé après tout...peut-être qu'il a envie de plus d'engagement, plus d’intimité, et qu'il perçoit ma réserve comme un rejet...C'est pour ça qu'il dit rien sur ses sentiments. Il a peur d'être rejeté."

"J'vais en profiter pour faire re-vérifier la carbu, j'ai l'impression qu'elle rame un peu là...Et tant pis si ils me prennent pour un maniaque, ils ont beau dire cette caisse a autant de pèche qu'un camion-poubelle...et dire qu'ils m'ont facturé 850 €, la dernière fois ! Putains d'escrocs de  garagistes !"

"Il est furieux. Et je ne le blâme pas. Je serais furieuse, moi aussi en fait. C'est de ma faute...Qu'est-ce que je peux faire ?"

"Ils diront probablement que c'est garanti seulement 90 jours. C'est exactement ce qu'ils vont dire, ces enfoirés."

Hélène, toujours en son for intérieur, connait ses faiblesses : "Je suis trop idéaliste aussi...le prince charmant, mon preux chevalier, du haut de son cheval blanc, qui m'enlève, pff...n'importe quoi...J'ai la chance d'être à coté d'une personne sensible, qui m'écoute, que j'apprécie et qui semble vraiment s’intéresser à moi...et moi à cause de mon égocentrisme, je peux pas m’empêcher de le fâcher avec mes idées romantiques d'ado attardée..."

Rodolphe continue de fulminer : "Garantie ? Je leur foutrai dans le cul leur garantie à la con..."

- Rodolphe ? dit alors Hélène à voix haute.
- Oui ? répond t-il un peu surpris.
- Ne te torture pas comme ça, s'il te plait, dit-elle, les larmes aux bords des yeux. Peut-être que je n'aurai jamais dû... Oh, je me sens si...

Elle prend son visage entre ses mains, en pleurant.

- Mais que...?
Rodolphe fronce à nouveau les sourcils, mais d'inquiétude cette fois-ci.

- Je suis une imbécile, sanglote Hélène. Je veux dire, je le sais bien qu'il n'y aura pas de..Je le sais vraiment. C'est bête. Il n'y a pas ni cavalier, ni cheval.
- Il n'y a pas de cheval ???
- Tu me prends pour une idiote, n'est-ce pas ?
- Non ! Bien sur que non ! s'exclame Roger soulagé de pouvoir enfin donner une réponse cohérente.
- C'est juste que... C'est que... J'ai besoin de réfléchir...souffle Hélène.

Il y a une pause de 15 secondes pendant laquelle Rodolphe, mal à l'aise, se demande ce qu'il a pu bien dire ou faire...Il réfléchit aussi vite qu'il peut, essayant de trouver une réponse sûre...Finalement, prudent, il opte pour un "Oui, bien sûr" sibyllin au possible.

Hélène, profondément émue, lui prend le bras.
- Oh, Rodolphe, cela ne t'ennuie pas ?
- Quoi donc ?
- Que je choisisse cette option ?
- Option ?

Rodolphe se demande alors si elle pas parlait pas du système Bose qu'il n'avait pas choisi pour la voiture, pourtant il lui semble bien ne pas lui en avoir parlé...étrange...

- Oui, l'option du temps, tu vois ? Y penser un peu avant de...me remettre...en selle, enfin tu vois quoi ?

Hélène se tourne vers lui et le fixe intensément, ce qui met Rodolphe encore plus mal à l'aise. Il se demande de quoi elle parle,  ce qu'il ,ou elle, pourraient dire ensuite, et surtout si cela allait encore impliquer un cheval...
Il n'aime pas monter, et, à dire vrai, il a une frousse bleue des canassons...

- Merci, Rodolphe, dit-elle alors.
- Mais non, je t'en prie, merci à toi Hélène, conclu-t-il content de s'en tirer ainsi.

Sur ce, arrivé devant chez elle, il l'embrasse rapidement, pressé de clôturer cette fin de soirée qu'il ne maîtrise plus, vaguement inquiet quant à un impaire qu'il aurait pu commettre sans s'en rendre compte.

Une fois entrée, elle se précipite vers sa chambre, se jette sur son lit, les pensées confuses.
Une sourde angoisse la tint éveillé jusqu'à l'aube.

Chez lui, Rodolphe, un peu interloqué par le brusque changement d'humeur d'Hélène, si gaie et amusante jusque là, s'installe devant sa télévision. Il se met à gober la retransmission d'un match de tennis entre deux obscurs croates, comme un ravi de la crèche.
Une petite voix, venu du fond de son esprit lui dit qu'il s'est passé quelque chose d'important dans la voiture...Mais il n'arrive pas à trouver le début d'une explication à cette scène, ni aux paroles d'Hélène.
Il se dit également que ce n'est pas ce soir qu'il trouvera la réponse à ces énigmes, et qu'il ferait mieux de ne plus y penser, ce qu'il fit, instantanément.

Le lendemain Hélène appellera son amie et confidente la plus proche, ou peut-être deux d'entre elles pour plus de sûreté, et elles parleront de cette situation pendant plus de six heures ce jour-là, et les jours qui suivirent.
Elles analyseront ensemble, tout, le moindre détail, tout ce qu'il a pu dire, revoyant de nombreuses fois les moments  qu'ils ont passé ensembles, explorant chaque mot, chaque expression, chaque gestes et nuances dans ses regards.
Chaque interprétation sera étudiée sur plusieurs angles, avec plusieurs extrapolations possibles.
Elles n'arriveront à aucune conclusion certaine, mais ne s’ennuieront pas une seconde, finissant par rire comme des folles de la bêtise et de la naïveté des hommes.

Peu de temps après, Rodolphe, jouant le squash avec un ami commun, marqua soudain une pause juste avant le service, et demanda :
- Tu savais que Hélène avait fait de l'équitation ? J'suis inquiet, j'ai l'impression qu'elle a fait une mauvaise chute, ou un truc dans le genre...

samedi 3 mai 2014