vendredi 20 mars 2020

Pour que l'été survive au printemps.

Chères confinées, chers confinés,

Dans quelques jours, quelques semaines, quelques mois, cette trêve des confineurs prendra fin.

Cette attente qui blesse vos cœurs printaniers d'une langueur monotone sera enfin éradiquée et c'est le pied alerte et la main ouverte que vous débarquerez sur ces terrasses de café tant convoitées.
Cette libération sonnera le glas de nos efforts, sacrifices et autres compromissions actuelles, pour limiter notre horizon citoyen à nos murs mitoyens.

Paradoxalement, vous l'avez peut-être remarqué, le reste de la planète a l'air de plutôt apprécier notre mésaventure, comme si toutes les autres espèces avec qui nous partageons la terre profitaient des vacances que nous leur offrons (enfin) à notre insu.
Les bancs de poissons frétillant dans les eaux claires des canaux vénitiens, les chants d'oiseaux égayant les maigres canopées des parcs et jardins publics citadins, autant de petits spectacles ravissants que l'on serait tenter de qualifier de "miracles de la nature" s'ils n'étaient pas finalement de l'ordre naturel...Après quelques jours de réclusion, notre environnement recouvre un air de santé inégalé depuis des décennies.

Mettons à profit ce temps d'arrêt dans nos vies trépidantes (du moins pour ceux qui ne sont pas actuellement sur le terrain pour tenter de sauver des vies et permettre aux autres de vivre) pour réfléchir à tout cela.

Que sommes-nous prêt à faire pour éviter que nos activités quotidiennes, nos déplacements incessants, nos périodes de vacances à l'autre bout du monde, ne recommencent à fragiliser les écosystèmes des autres locataires du monde et, par ricochet, le notre ?

Quel repos, quel intérêt, trouvons-nous réellement à vouloir plus que notre voisin, aller plus loin que lui, envier sa réussite ? Car c'est parfois de cela qu'il s'agit : d'un orgueil mal placé (on se demande d'ailleurs où il pourrait bien se placer) qui pousse à consommer plus, posséder davantage, tout en se persuadant que ces plaisirs immédiats, et à court terme, sont salutaires.

Sans s'ériger en parangon de la déconsommation à outrance, nous avons quelques jours, quelques semaines, quelques mois, pour y penser tranquillement, avant de se retrouver et deviser de visu, autour d'un verre, avec un plaisir sans paille, de perspectives communes salutaires et optimistes.

D'ici là, vérifions l'adage que pour vivre heureux, ou tout du moins plus vieux au soleil, vivons cachés. Et si les gazouillis vous gazent l’ouïe, le manque de carbone vous pompe l'air, courage cela ne durera pas.

Vive le printemps, vive le temps qui passe.

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