jeudi 5 juillet 2012

I love roux

Sans vouloir en faire tout un plat du coq à l'âne, il y a quelques temps, je vis débarquer tout de go, dans mon bureau, une bimbo à la crinière flamboyante, aux rousseurs attendrissantes, au regard foudroyant.

N'allez pas croire que je suis homme à m'enflammer pour la première bunny rousse qui passe dans mon champ de tir (bon si, un peu, mais c'est le propre de beaucoup de chasseurs).

Dans mon métier je suis plus habitué à côtoyer de charmantes petites vieilles dames, charmantes certes mais petites et vieilles, voir toutes mortes parfois, plutôt que des bombasses aux yeux d'émeraudes dans un écrin cuivré.
(bombasse: terme typique du sud-ouest qui exprime toute l'admiration que nous pouvons avoir pour une femme d'une grande beauté)

Bref, je reste un peu scotché, mes deux ronds de flan tremblottant d'émotion.

C'est le propre des faux-maigres solitaires depuis trop longtemps.

D'entrée, son ton chaleureux me surprit un peu.

Peut-être savait-elle déjà que je n'étais plus célibataire depuis 30 secondes, que ma vie avait enfin un sens grâce aux nombreux enfants que nous allions faire ensemble ?

Lorsqu'elle me demanda si je ne me souvenais pas d'elle, j'hésitais pris d'un affreux doute : étais-je, ainsi que le prétend mon ex-femme vraiment atteint d'Alzeihmer ?

Non, une femme pareille je ne n'aurais pu l'oublier, même ivre, même mort.

La preuve : je me rappelle très bien de Cameron Diaz le soir de la dernière finale de coupe du monde de foot.
J'avais un peu bu, j'avoue, et pourtant je me souviens très bien l'avoir croisée dans la rue, devant l'Hôtel du palais à Biarritz.
Elle était avec une copine, un peu moche je crois, en train de rigoler en américain.
J'étais donc occupé à vérifier que mes pieds faisaient bien ce qu'ils avaient à faire. Et Je l'ai vu, un ange tout de blanc vétu : mini-petit short, débardeur minimaliste, nu-pieds indécents, les yeux aussi rieurs que sa grande bouche...
Je lui ai bredouillé un : "hello Cameron" avec l'accent de Manhattan.
Elle s'est retourné et m'a lancé un grand sourire extra-terrestre, un "bonnjourr" pas d'ici.

Et alors ?

Et alors elle a bien compris que je n'étais pas de Manhattan, ces grandes stars se font plus blondes qu'elles ne le sont vraiment sur pellicule, Pourtant j'avais fait comme m'a appris mon cousin Phil, j'ai prononcé comme si j'avais la bouche pleine de shamallows (à la réflexion, je me demande si il ne m'avait pas parlé de chewing gum...de toutes manières il avait été en Californie).

Et alors ?

Quoi encore ?

Ah oui, alors j'étais à un mêtre d'elle les gars.
100 petits centimêtres, tout au plus...
Et à l'échelle planétaire c'est que dalle. J'étais si prés d'elle que vu d'un satellite c'est comme si j'étais en elle. Comme si nous ne faisions qu'un.

Ouais.
Quasi.

Et Cameron à coté de mon interlocutrice aux éphélides c'est de la gnognote de bac à sable...

J'en étais à refaire mes derniers mois à vitesse sub-neuronale pour retrouver quelques trace de cette déesse orangée, un peu déconcentré par d'autres pensées connesque et connexes.

Si on se fie aux revues techniques concernant les rousses, il semble être évident qu'elles bénéficient, en général, d'une sexualité très généreuse.

Elles doivent être incluses dans les 5 % de femmes, qui, selon Georges Brassens, ne s'emmerdent pas en baisant. Il y a environ 2 % de Rousses en France. Il reste donc 3 % de femmes ayant d'autres couleurs de cheveux pour faire rêver les hommes !

Entre les blondes, les brunes, les chatains, les blondes vénitiennes, les grises et enfin toutes les couleurs manga, il y a quand même 200 % de chances que ma rousse soit une bombasse de première. (bombasse : terme typique du sud-ouest pour désigner une femme à mini vertu extravertie)

Fort de cette analyse mathématique sans faille il me fallait trouver un truc vraiment intelligent à dire, et là c'était pas gagné.

-Nous étions à Sainte Ursule ensemble, Sandrine Mouly, tu te souviens ?
-Bahhhh, je fais. (je vous l'avais dit que ce n'était pas gagné)

Moi je l'appelais "Poil de carotte" ou "Tupu" suivant la météo, "Moulinette" aussi, mais jamais devant elle.
Elle avait bien deux têtes de plus que moi à l'époque.
Je n'étais pas foncièrement méchant, mais il fallait bien suivre le mouvement.
A la piscine elle devenait "la grosse Sardine", alors que ses dents garnies d'acier semblaient aussi redoutables que celles du requin de James Bond.

Jamais je n'aurais imaginé que cette grosse chenille poilue se transformerai un jour en gracieux papillon lumineux...

Aimer, c’est monter si haut, disait le poète.
Mais que valent des ailes si l’envie de les battre vous a quitté ?

Que vaut un ciel bleu sans oiseaux roux à l’intérieur ?
Plus généralement, que valent des cieux sans roux ?

La nature est belle.

- Oui, c'est drôle je fais un article sur ton métier pour une revue économique, j'ai vu ton nom, je me suis dis que c'était toi, et me voilà ! C'est drôle non ?
- Biiin ça...Je continue, toujours aussi inspiré, en essayant tout de même de prendre un air sibyllin histoire de pas paraître aussi con qu'un bûlot amoureux...
- Alors qu'est-ce que tu racontes ?

Je m’apprêtais à lui dire que ma saison préférée était l'automne surtout dans mes montagnes d'Iraty où les hêtres ont cette couleur orangée si particulière, que mon tableau préféré était La naissance de Venus de Botticelli, que mon animal préféré était le renard, que je collectionnais les casseroles en cuivre, que j'aimais ces nuits mystérieuses lorsque la lune est rousse, que je lui offrirai les plus belle émeraudes du monde, que...

Et je l'ai vu briller furtivement à sa main, cet anneau maudit, son précieux, mon fardeau.
La nature est cruelle.

Elle génère des aberrations chromatiques, des mutations génétiques qui font que la peau devient sensible au soleil, que les phéromones dégagent une odeur pestilentielle lorsque le taux d'humidité est trop élevé.

Heureusement je ne suis pas né de la dernière pluie, et ma mère a presque réussi à faire de moi un gentleman.
- Ecoute, je n'aime pas spécialement les journalistes, je lui ai dit, mais je ne suis pas foncièrement méchant, j'ai cinq minutes à t'accorder...J'attends un coup de fil d'une cliente d'Hollywood.

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