mercredi 9 avril 2014

Dictons bidons



Issu d'une région réputée, à tord, pour ses cons et, à juste titre, pour ses espadrilles, je crois pouvoir me targuer d'un certain bon sens qui hélas me fait soudain défaut à proximité de la gente féminine.

Par ailleurs, mon nom de famille est une traduction régionale de "loup", et je peux donc fièrement déclarer que toutes mes conquêtes l'ont forcément vu.

En revanche, je n'ai jamais cherché à comprendre ce ridicule dicton de chez nous qui énonce "Qui a le loup pour mari, jette souvent la vue sur le bois". Je crois néanmoins que mon ex-femme l'avait compris.

Puisque l'on en est aux proverbes, il m'en revient un autre, qui a souvent guidé ma vie sentimentale : "Il ne faut pas chercher loin pour trouver l’amour.”

En effet, j'ai souvent accordé bien plus d’importance à la proximité géographique qu’au tour de poitrine de mes petites amies potentielles. Pour faire plus simple, on va dire que j’ai bien souvent fini par emménager avec mes voisines. Ou leurs copines.

Tous les matins ouvrés de la semaine, nous nous croisions.

Elle, sagement assise, attendant le bus, le regard absent, indifférente à mon corps d’athlète anémique.
Un jour je lui ai dit : “C’est marrant, je crois qu’on est voisins !”
Et elle m’a répondu : “Ah ouais ? Dis donc, t’es pas très épais…”

On peut me dire des tas de choses sans que je me vexe. Des trucs sur ma mère, tout ça. Je m’en fous, j’assume complètement son statut de prostituée. En revanche, si y’a bien un truc que je ne supporte pas, c’est qu’on insinue que je suis maigre. Même si à l'époque c’était un peu vrai.
Et pourtant, là j’ai souris.
J’ai bredouillé quelque chose du genre : “Bin euh, c’est pas vraiment ma faute… la morphologie… la guerre… les privations.”
Elle aussi avait souri.
Elle avait souri, et j’étais tombé amoureux.

Je n’avais même pas respecté le protocole : regarder ses fesses, ses mains, ses seins, ses revenus.

Un matin de septembre elle m’a annoncé qu’elle avait rencontré quelqu’un. Je crois que je l’ai embrassée avant même que sa phrase ne soit terminée. Et puis quoi encore ? j’allais pas me laisser damer le pion par un amour de vacances. Très rapidement, j’ai dû lui faire signer un contrat oral (avec la langue), l’engageant à me tester pendant un mois.

Des fleurs tous les jours, des poèmes aux shamallows, des cinémas normaux, des jardins pudiques, des cafés sur des terrasses au lever du jour, des poèmes aux carambars, des promenons-nous dans les bois pendant que le loup n’y est pas, des fleurs le soir aussi, des sérénades dans le cou...
Le mois a fini par s’écouler.
Épuisant.

“Écoute…” me dit elle. “T’es un jeune homme sympathique, drôle, fortuné, avec sans doute un sexe énorme (ça elle ne l’a pas dit, mais ça me fait tellement de bien de l’écrire et puis si je le dis pas ici beaucoup ne le sauront jamais) mais bon voila… Physiquement..enfin, tu vois quoi ? ” qu’elle me dit.
“T’es sûre ? (Parce que je vais me tuer hein)”
“Oui je suis sûre. (va te tuer)”

J’ai écouté “Flip-flap” des Forbans en boucle pendant une semaine. La vie n’avait plus aucun sens. La chanson non plus d’ailleurs.

Et puis le téléphone a enfin fini par sonner. J’ai bien attendu avant de décrocher, c’est ma tactique pour faire croire aux personnes qui m’importent qu’elles sont insignifiantes. J’avais lu ça dans un “Jeune et jolie” de ma sœur. C’est super efficace.

Du coup, nous sommes restés 2 ans ensemble.

Des poèmes aux steaks hachés, des fleurs parfois, des sérénades sur son mp3, des jérémiades aussi, des “je t’aime”, des “moi aussi”, des rires, des sourires, des assiettes sales, des chaussettes aussi, des larmes, des “non pas ce soir”, des “bon tant pis”...

Et puis un matin de septembre, je suis parti. J’avais des trucs à faire.

10 commentaires:

Lilas Rose a dit…

Tu as eu raison de partir Eric : "Rien ne sert de courir il faut partir à point" Et au terme de deux ans d'une même relation tu devais être déjà bien cuit... La carbonisation était proche, fallait pas rester une journée de plus.
Parce que si "partir c'est mourir un peu", rester c'est mourir tout à fait...

Iker Otsoa a dit…

Merci Dr Rose !
Je t'aime.
;)

Lilas Rose a dit…

Tout à fait d'accord avec toi Eric !
Moi aussi je m'aime !

Iker Otsoa a dit…

ça s'appelle un transfert égocentrique ça...

Lilas Rose a dit…

C'est quoi un transfert égomachin ??? t'emploies des mots super pointus là... certainement des mots inventés par un mec pour compliquer...
Pourquoi je m'aime c'est beaucoup plus simple : c'est ma coach en Zen Attitude@ qui m'as dit "aime toi et le ciel t'aimera" Depuis j'applique tous les jours (en même temps que je mon masque de beauté) et ça marche !!!
Essaye tu vas voir !

Lilas Rose a dit…

Pour le masque de beauté j'ai pu constater (sur les photos d'hier) que tu pratiques déjà. Bravo! Les peaux d'hommes ont autant besoin d'attention et de soins que celles des femmes.
Par contre, personnellement, j'évite de garder mon masque de beauté lorsque je me présente sur scène!

Iker Otsoa a dit…

L'égocentrisme, c'est l'art de mettre des petits cubes de plastique coloré, crénelés sur le dessus et creux en dessous, au centre (de la pièce, du jardin, du lit, de l'aspirateur). C'est vrai c'est plutôt un jeu de petits gars.

Concernant ma petite personne, je n'attends aucune aide du ciel (du rose non plus d'ailleurs), plus tard il s'intéressera à moi, mieux je me porterai.

Je n'ai pas l'habitude non plus de porter de masques de beauté, pour cette fois là, le metteur en scène et la maquilleuse ont vraiment insisté...j'ai réussi tout de même à négocier un barbouillage soft car au départ je ressemblais à un hybride du mime Marceau & du Jocker de Batman ! Déjà que la pièce était pas spécialement comique, là ça devenait pathétique mais presque comme dirait l'autre...

Tu dois être en pleine bourre pour Avignon j'image. Bon courage.

Iker Otsoa a dit…

j'imagine...

Lilas Rose a dit…

Pas d'Avignon cette année donc pas de bourre non plus ...

Iker Otsoa a dit…

C'est pas drôle ça. Pour Avignon, Demoiselle. Et pour la bourre aussi d'ailleurs.