lundi 8 février 2010

Super bol

Rien ne vaut un bon dimanche sportif pour attaquer la semaine du bon pied.

Hier, j’ai retrouvé avec plaisir le tournoi des 6 nations, et les français ont une nouvelle fois scotché les scottishs. Je persiste à penser que nous ne devrions jouer que contre les écossais, et les italiens aussi, pour que le moral de nos joueurs reste au beau fixe et les empêche de se battre dans les hôtels de l’hémisphère sud.

Nous, français, avons la victoire modeste. Je ne m’appesantirai donc pas sur ce match extraordinaire que nous avons tranquillement gagné avec une maestria frisant la perfection divine.

Même si vous êtes martien de Mars, vous connaissez déjà le rugby, tout du moins grâce aux calendriers pour les martiennes. Pour mes lecteurs béotiens d'ailleurs, je préciserai qu’il s’agit d’un sport d’équipe qui se joue avec un ballon ovale.

Il ne faut pas confondre le rugby avec son dérivé outre-Atlantique, le football américain dont la maxi-géante grand finale mondiale se déroulait cette nuit : le Super Bowl.
Le Super Bowl est suivi par plus de 140 millions d’américain ce qui équivaut pour eux à la majorité absolue à l’échelle du monde, d’où son caractère planétaire et justifie le titre de championnat du monde d'un sport qui ne se joue quasiment pas ailleurs qu'en Amérique du Nord.

Les ricains sont des gens assoiffés d'exploits sportifs : le chiffre d’affaire des vendeurs de bière augmente de 18 millions de dollars sur le week-end, et pour souligner le caractère historique de l'évènement, les Superbowl sont toujours numérotés en chiffres romains, cette année c'est le Super Bowl XLIV (44 pour les arabophones du reste du monde), ce qui signifie que cette tradition ancestrale dure depuis 1966, qui est au demeurant une très bonne année…

Ces précisions économiques et historiques faites, je pressens que vous n’en avez toujours rien à foutre du football américain, car comme moi vous n’y a avez jamais rien compris.

Ça a beau s’appeler football, c’est un sport de ballon qui se joue avec les mains, bien que Thierry Henri n’y joue pas. Cela confirme que les américains sont nuls en langues étrangères.

Le football américain (prononcez aemeuwikane fouteuboleu), tout comme le rugby (prononcez rugby), se joue sur un grand rectangle herbeux et un ballon ovale. En revanche, les joueurs ne mettent pas de scotch autour de la tête, mais plutôt des casques grillagés, car il sont beaucoup plus féroces.

Le but du football américain n’est vraiment pas original puisqu’il s’agit de gagner le match, et pour se faire, les stratèges s’accordent à dire que le meilleur moyen reste de marquer plus de points que l'adversaire. Vu la violence des confrontations, on pourrait penser qu'il s'agit de points de suture, mais non.

C’est connu, les américains sont de grands enfants.
Pour jouer avec eux, il vaut mieux être grand, gros, super costaud avec une musculature allant crescendo vers le haut, ce qui leur donne une allure de bouteille d'Orangina à l'envers. Comme tous les enfants, ils sont facétieux comme des jeunes chatons, et invitent toujours un petit camarade de jeu gringalet à venir partager ce moment de camaraderie franche et virile. Le quart de portion qui se planque prudemment à l'arrière, d’où son surnom de "quaterback", sera celui qui devra pourtant aller au charbon pour faire avancer le ballon sur le terrain.

En effet, pour marquer des points, il faut courir jusqu’au fond du terrain sans se faire écrabouiller par les monstres casqués de l’équipe adverse. Vu la densité de population sur le terrain ce n’est pas évident, du coup chaque avancée de 10 yards est récompensée. 

Un yard équivaut à un mètre, mais en plus petit. Comme quoi tout ce qui est américain n’est pas forcément plus gros.

Le joueur le plus maigre a quatre essais pour franchir 10 yards.

S'il réussi, avec un super bol, sans se faire hacher menu par ses adversaires, ses copains reconnaissants lui fichent de grandes taloches sur le casque et lui donnent la chance de risquer une nouvelle fois sa vie pour 10 yards de plus. Juste avant, il y a droit à une pause publicitaire pour reprendre ses esprits.

S’il rate, après avoir identifié son corps parmi les mottes de terre, il est déclaré out et c'est au chanceux de l'équipe adverse de risquer sa vie.

Par miracle, un joueur arrive parfois au bout du terrain (10 fois 10 yards) et marque alors six points. Il sera tellement hype dans sa tête d’avoir survécu qu’il dansera en tortillant son petit cul moulé en lycra, et lançera avec force le ballon par terre entre ses jambes, au risque, compte tenu du caractère aléatoire du rebond d'un ballon ovale, d'écourter rapidement sa joie et ses chances de reproduction.

Enfin arrive à la mi-temps, l'amie tant attendue par tous, et pas seulement pour les pom-pom girls, enfin la pause quoi. Excusez-moi je m'embrouille un peu, mais c'est dur de rester concentrer sur un tel sport.

Tout d’abord, ce moment là correspond à la plus grosse consommation d'eau du pays, oui je sais, c'est également celle de la bière, mais comme il faut bien pisser, l'un ne va pas sans l'eau.

Paradoxalement, les téléspectateurs ne vont pas aux toilettes pendant les pubs. En effet, grâce à l’audimat record de ce programme, les espaces publicitaires se vendent 100.000 dollars la seconde, et les meilleurs créatifs se vrillent les neurones à la cocaïne toute l’année pour pondre la pub la plus chère du monde dont on se souviendra plus que du nom du vainqueur du match…Puis les plus grandes stars des variétés américaines viennent combler l’interlude entre la pub et le match pour permettre à chacun de se soulager en musique de chiotte.

A la fin de la partie, les vainqueurs reçoivent un trophée qui ne ressemble pas du tout à un bol, et mettent une casquette marquée Super Bowl XLIV. Fous de joie d'être encore vivant, ils viendront hurler face à la caméra pour annoncer la fin du match aux spectateurs les plus abrutis, en pointant du doigt fièrement leur nouvelle casquette.

Cette année, grâce à Dieu, ce sont les Saints de la Nouvelle Orléans qui ont gagné face aux Colts d’Indianapolis.

Vous vous en souviendrez ?

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