lundi 15 mars 2010

Le cinéma muet peut rendre sourd.

Alors, la semaine dernière, j'ai écouté Eve nous faire Punk Fabrice en live, lors de la mise en jugement de l'Ecole Bordelaise organisée par la Perav Gallerie à l'E.N.M. 

C'était génial, la lecture. Allez lire Punk Fabrice, c'est gratuit et pour tous comme elle le dit si bien, quoique le "pour tous" doive être consommé avec modération.

Autre écrivain féminin, autre émotion, j'ai également rencontré  Nathalie Bernard avec qui j'ai pris littéralement un thé littéraire. En pleine écriture de son prochain opus, Nathalie m'a gentiment accordé de son temps, et donné l'occasion de partir en vacances dès que je croisais ses yeux qui ressemblent à deux perles d'azur illuminant l'écrin de ses cils.
Depuis, j'ai lu avec délectation son recueil de nouvelles érotiques, Veux-tu de moi ?, et entame La vie de Gaspard comme un long métrage.
Justement, nous nous trouvions à l'Utopia, à siroter nos thés, discuter de tout, et moi à la contempler l'air de rien. Pour situer, l'Utopia est un cinéma d'Art et Essai, ou tout du moins indépendant, disposant d'un café, agréablement situé en centre ville.

A l'affiche, se trouvait "Le guerrier silencieux", film danois, présenté comme incontournable par une critique enthousiaste et élogieuse, que je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager, qui m'a poussé à aller assister à la projection.

Vous savez ce que c'est, ce genre de cinéma : le spectateur n'y va pas pour se goinfrer ni semer du pop-corn entre les sièges.
En principe vous n'y subirez pas non plus les hurlements d'ados obsédés et, ou, pétomanes, déjouant le complot visant à la destruction d'une planète bleue moribonde située aux confins de l'univers en combattant une horde d'humanoïdes mycophages, le tout sponsorisé par Mac Do.
En 2h15 minutes, images subliminales comprises.
Vous pouvez reprendre votre souffle.

Non ce n'est pas le genre de la maison. Ici il s'agit de Cinéma, d'émotion, de réflexion, d'évasion. 

Bref, Le Guerrier Silencieux vient du Royaume du Danemark bien qu'il ressembla sur l'affiche à un guerrier maori. Cette anachronie n'est pas très grave car à l'époque du film, le Danemark était surtout peuplé de vikings analphabètes et que l'hémisphère sud n'existait pas encore.

Pour rassurer les âmes sensibles, dans ce film les problèmes d'infidélité conjugale ne sont absolument pas abordés.  Aucun des vikings croisé, ou non, ne porte de casque à cornes. De plus, pour éviter la moindre tentation, la présence féminine est limitée à 15 secondes maximum, et en plan large.

Les problèmes de drogue, d'obésité, de pédophilie, de krach boursier, de mercatto, et d'arbitres vendus, ne sont pas non plus abordés, faute vraissemblablement de budget.

Le titre original, Vahalla Rising, fait référence au Vahalla qui est le paradis des guerriers vikings, et dont Tolkien s'est inspiré pour son Seigneur des Anneaux.
A la différence du pack Vierges proposées par Allah en récompense de ses bombes et boyaux services au Moujahidine éparpillé, le Vahalla propose au Viking décapité la formule baston-à-gogo contre des loups géants et autres créatures démoniaques.

Mais finalement, cet aspect là n'est pas non plus abordé dans le film, les vikings n'ayant probablement pas pu déchiffrer le scénario.

En revanche, le titre français est clairement explicite puisque notre héros ne prononce pas un mot de tout le film.
Comme il ne se passe pas grand chose, les autres acteurs ne sont pas très bavards non plus.
Pour tromper notre ennui, ils décident de changer d'air et d'aller étriper du Sarrasin en Terre Sainte. Ils traversent l'Atlantique comme on traverse un nuage de brouillard, et se retrouvent sur le Nouveau Monde pour évangéliser la forêt et les cailloux.
Cela n'émeut vachement pas notre héros qui consent toujours autant.
Grâce à Dieu, ce mutisme ne lui posera aucun problème pour appréhender le fonctionnement du casse-tête lors de son premier contact avec les indiens du coin.

A part la fin du film, cette rencontre ne donnera rien par manque d'affinité.

Vous l'avez compris, hormis quelques images de paysages qui m'ont fait penser à Ahusquy en hiver, une superbe trépanation au caillou, une originale éviscération à main nue, et mon manteau tout chaud à la sortie, je n'ai pas vraiment été emballé...

Pourtant ce film a été présenté par beaucoup comme une oeuvre quasi-géniale...

Ce n'est pas que je n'aime pas la masturbation intellectuelle, une force incroyable guide ma main en ce moment,  mais je suis en train de me demander si à terme cela ne rend pas un peu sourd.

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