mercredi 9 juin 2010

L'incompris (extraits)

J'étais dans le bus entre la porte de Pantin et le domicile de ce bouffon, assise près de la fenêtre, dans le sens de la route, ma position préférée.
Il y a tellement peu d'homme qui sachent faire le bus dans ce sens...

Mes réflexions sursautèrent lorsqu'une sorte de barrissement d'éléphant aphone emplit mon champ d'audition, derrière moi.

Je me suis retournée...


Faites moi penser à avorter avant que mon fils n'atteigne treize ans, si un jour j'ose tomber enceinte.
Un adolescent d'environ cet âge ingrat là parlait à sa mère. Il était donc ingrat et maigre à la fois. Et moche, évidement.
Mais un garçon, ce n'est jamais beau à cet âge.
A treize ans, j'étais amoureuse d'un garçon qui était trois classes au dessus de moi, il ne l'a jamais su. Et pourtant ce fut mon premier amour. Le plus pur aussi.
Et celui là, il était tout ce que j'exécrais, boutonneux, maigre et gras, et une voix chevrotant entre le baryton et le castrat. Sa voix résonnait dans tout le bus. Sa mère regardait autour d'elle, désespérée, lui demandant de se calmer, mais y'avait rien à faire, il continuait à parler, parler.
J'aurai été sa mère, je lui aurai foutu ma main dans sa gueule. 
Si ce n'est pas pour moi, je l'aurai fait au moins pour les autres...
17 février, à 17:35

Je regardais son nez dessiner l’air, le sourire marquer les joues, le bleu percer le verre. Je sautais parfois un mot, concentrée sur sa paupière. Mais sa voix faisait des ricochets, et c’était déjà pas mal.
18 février, à 01:42

Elle avait enchaîné ses journées, refusé de travailler le soir, rentrant chez elle frigorifiée et épuisée." On ne dit pas va mourir Madame, ça ne se fait pas! "Mais c’était juste une expression maman, juste une expression crois-moi". 
Pourtant le tsunami n’était pas que du vent, pour une fois.

Elle mis ses gants avant de vouloir essuyer ses larmes. Mais merde ! Entourait son cou d’une épaisse écharpe. Mes cheveux ne sont pas épais, ils sont em-mê-lés. Elle sortait apprêtée, couverte comme on dit. 
Mais le virus n’était pas invisible, pour une fois.

Dehors elle ajusta convenablement sa veste, vérifia son mascara. J’en ai rien à foutre, rien à faire, m’en fiche! Cherchait les clés de son appartement, trébuchait sur une plaque gelée. 
Mais pour le coup,elle s'en fichait..
18 février, à 01:58

De toute façon elle avait oublié de mettre ses chaussures anti dérapante,mais ce qui ne l'empecha pas de traverser tout pantin pour pouvoir s'installer sur la petite terrasse de sa boulangerie préféré,afin de pouvoir déguster son dessert favori...un tiramisu surgelé...
24 février, à 15:24

Indifférente aux regards des passants, elle attaqua son tiramisu au pic à glace.
Etre oisive lui allait bien, et ce, finalement, grâce à son généreux bienfaiteur. Bien sur elle devait de temps en temps écouter son ramage assommant, mais elle pouvait ensuite le plumer à sa guise. Ainsi pendant son temps de liberté, entre deux pages d'écriture, elle vaquait futile et matait utile, piochant des scènes quotidiennes tout autour d'elle.
Si il n'y avait son négrier d'éditeur qui la relançait inlassablement, elle serait un papillon blanc voletant sans fleur fixe.
Il faut que je parte se dit-elle.
25 février, à 17:25

2 commentaires:

FMD. a dit…

Une autobiographie ?
Je crois que vu ma VDM je devrais en faire une !

Iker Otsoa a dit…

Non il s'agit d'un bout de vie imaginée, d'une romancière méconnue.
Quant à ta bio, pourquoi pas ?