jeudi 23 septembre 2010

The blue fever

Patients impatients.
Et voila, ils remettent sur le tapis le coup du vaccin de la grippe. Y faut, y faut pas ?
Chaque année c'est même chanson : après l'été, on nous fait peur avec tout un tas de maladies chroniques : la rentrée, les impôts, la grippe, les grèves, le massacre des icebergs...

Finalement, la seule qui soit attendue avec impatience, c'est fièvre bleue.

Ha bin oui, si vous n'êtes pas d'ici, vous n'en avez jamais entendu parler, or elle ne s'attrape que si on connait.
Alors comme je suis sympa, je vais vous expliquer. Vous n'êtes pas obligé de lire non plus.


La fièvre bleue se déclare en générale vers le début du mois d'octobre, son pic épidémiologique se situant plutôt dans le quart sud-ouest de la France. La propagation de ce phénomène annuel suit un couloir allant de la Scandinavie à l'Espagne suivant un axe Nord-Est, Sud-Ouest qui a tendance, ces derniers temps, à se rapprocher de la mer au passage des Pyrénées.
Cette épisodique épidémie est un épiphénomène trouvant son épilogue au bout d'un mois. Elle n'en est pas moins épique, et colégramme, (à ne pas confondre avec le choléra).
Il est possible qu'elle s'accompagne d'une hausse conséquente du taux de cholestérol chez certains sujets.

On reconnait l'impatient contaminé par sa coloration vert kaki. Lorsque son nez est un peu rouge, surtout à partir de la mi-journée, il commence a être gravement atteint..
Il se déplace aux aurores en petits groupes pressés, traversant bruyamment villes et villages, avant d'aller se perdre dans la nature où là il ne supporte plus aucun bruit autre que celui qu'il fait.

Et il en fait du bruit, un barouf du tonnerre rappelant la douce mélodie de la mitraille de Verdun. Car c'est quasiment d'une guerre qu'il s'agit.
Chaque année donc ces preux croisés quittent femmes, enfants, boulot, pour se poster sur les cols afin de contenir des hordes à plumes déferlantes du nord, protégeant ainsi les Pyrénées d'une invasion tombée du ciel. Sans distinction de classe, ils se retrouvent unis contre l'averse citée plus haut, partageant les même valeurs, se situant autour de 51 en ce qui concerne l'anisette.

Il faut les voir, redoutables, surveillant la vallée encore embrumée de sommeil, derrière leurs postes, scrutant le ciel, impatients d'en découdre. Le moindre nuage suspect est source d'agitation. S'il se précise, bleu noir, ondulant comme sous l'effet d'une longue houle, se rapprochant inexorablement, l’excitation fait place à la concentration, les plus jeunes sont tancés par les anciens afin qu'ils se tiennent tranquilles. La ligne de front se fige.

Et soudain l'air s'emplit d'un bruissement intense qui monte à l’assaut des pentes.
Les armes se relèvent, les yeux se plissent, les muscles se tendent. Sans l'ombre d'un doute la marée de ramiers se jette sur les hommes.
Une première salve et le nuage devenu bleu frémissant explosent de concert. Quelques pigeons tombent du ciel, les autres prennent affolés de l'altitude pour passer malgré tout, poussés par l'espoir d'un avenir meilleur.

Inlassablement ils tentent de stopper les vagues successives. Mais la plupart du temps ils se contentent de pester en apercevant au loin le défilement de leurs proies passer tranquillement hors de portée.

Dans l'après midi, les armes fourbies, et l'âme fourbue d'émotions, ils redescendront de leurs redoutes, leurs pensées tournées vers le lendemain, en espérant que la fièvre ne retombe pas de sitôt.

Des malades je vous dis.

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