samedi 11 avril 2009

Bon Dieu de succession !


On avait vu trainer Abraham Dieu un peu partout : c'était un gars poussiéreux avec une grande barbe, genre clochard céleste à la Jacob Kérouach.

Il parait qu'il a fait du trekking sur le Sinaï, du jogging dans la mer rouge, qu' il fût aussi illusionniste en Égypte, toujours avec une floppée de compagnons d'aventure aussi mal fagotés que lui.. Sûrement des racontars d'ivrogne, mais ce qui est sûr c'est qu'il s'éteint après une vie bien remplie mais les poches plutôt vides.

C'était aussi un chaud lapin. Un peu lent au démarrage à vrai dire. A 75 ans, il eut son premier fils Ismael.
Mais finalement il s'avera plutôt résistant : à 99 ans il en eu un second : Isaac.
Mon parrain Heinrich Von Kruger dit que des prénoms pareils c'est pas un cadeau. C'est peut-être pour ça qu'il a tenté (Abraham pas Heinrich) d'immoler un de ses fils (on ne sait pas trés bien lequel, c'est un peu flou), mais bon il ne l'a pas fait et il eu une trop grande descendance d'aprés lui (Heinrich pas Abraham).

Evidemment comme c'est souvent le cas, ses deux rejetons se sont fachés à mort pour trois fois rien : deux plaques de pierre cassées, et savoir lequel des deux était le préféré. Et quant je dis à mort c'est pas pour de rire. Toute la famille s'y est mis : les cousins, les oncles et tantes, les enfants, petits-enfants, petits-petits-petits neveux, ils se sont fait tous les coups les plus tordus, ils se traitent de tous les noms. Même de juifs et d'arabes, comme l'oncle Heinrich, c'est dire. Un vrai merdier.

On s'rend pas compte, mais notre mort peut-être un grand malheur. Surtout pour les autres, en fait.

Chez nous on est plutôt jubilo-crétins d'aprés ce que j'ai compris, genre ravis de la crèche. Ce qui n'empèche pas non plus les petites histoires pas très catholiques.

Prenez tante Félicie par exemple, on lui donnerait le bon dieu sans confession: une jolie petite pèche fripée que l'on appelait dans sa jeunesse Bambi, non pas à cause de ses yeux noisettes, mais parcequ'un chasseur avait malencontreusement tué sa mère.
Elle va à la messe plusieurs fois par semaine et n'oublie jamais mon petit billet dominical. Une sainte, la tata Bambi.
Elle est mariée à l'oncle Robert depuis plus de cinquantes piges. Ils ont eu trois enfants : Dominique dite Do, Raymonde dite Ré et Michelle dite Mi.
Une jolie partition avec un bémol : Do étant l'ainée, Mi la puînée et Ré morte-née.

A la mort de de l'oncle Fernand, le frêre de Ro, que j'appelais Pampam car c'était un grand chasseur (non ce n'est pas lui qui a buté la mère de Bambi, révisez vos classiques les Mickey), le notaire de la famille fit l'ouverture du coffre-fort. On (Do & Mi) pensait tous que le magot de Pampam se trouvait là, car ailleurs, c'était un joyeux foutoir (mais où était le spécial gros seins que j'avais vu la dernière fois?), mais un foutoir indigent (il l'a pas jeté quand même?).

Dans le coffre point de lingôts ni de pesos, mais des lettres dans lesquelles on (Do,Mi & moi) appris que tonton Pampam se tapait tata Bambi! Le plus amusant c'est qu'elles dataient de l'époque à laquelle Do, Ré, Mi avaient été conçu ! Tu parles d'une cacophonie.

Tata Fé du haut de ses 80 ans et 150 centimètres souriait aux anges, Do & Mi complotaient la mine sombre comme l'enfer, le notaire rédigeait, placide, se gardant bien de quitter un purgatoire incertain. Et moi dans tout ça, bienheureux mortel avec mon trésor enfin retrouvé, je me disais que la mort de Pampam était plutôt marrante.
Surtout pour moi, en fait.

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