lundi 27 avril 2009

Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas boire.

Pour cette petite note je vous conseille d’écouter Moondog, si vous ne connaissez pas, commencez par « Lament », ça vous rappellera quelquechose.

Puisque j’en suis a parler de non-voyant, vous avez déjà sûrement entendu parler de ce concept du diner aveugle...
Et bien figurez-vous qu’il y a peu, en villégiature sur la Côte Basque, on m’a proposé de tester la formule…Comme j'aime bien les concepts, que j’aime bien aller me faire voir et que je n'ai pas froid aux yeux, j'ai décidé de tester, bien qu'au départ je voyais ça plutôt d'un mauvais œil...

Accompagné d’une amie que j’avais choisie pour sa voix mélodieuse, et son esprit aventurier, nous nous sommes rendus les yeux fermés à l’adresse indiquée, dans les environs de Biarritz.
Après avoir franchi un chien, une porte, trois rideaux, nous avons été accueillis par notre hôte aveugle, la bien nommée Patience. Il y avait là aussi deux autres gars de Toulouse, con.

Patience nous a installés à une table pour quatre dans le noir le plus total.
Après un rapide check-up pour localiser verres, couverts, assiette, carafes et corbeille à pain, elle nous expliqua qu’il s’agissait de sublimer nos sens, à l’exception, bien entendu, de la vue, que l'on se sentait généralement touché par l'expérience, enfin suivant les goûts.

Un peu inquiet tout de même de me planter la fourchette dans la joue, je m’appliquais à amener sans encombre ma pitance à destination. Le vin aidant, nous comblions de plus en plus facilement les blancs de la conversation par quelques formules hautes en couleur.
On s'est finalement mis d'accord sur l'entrée: des carottes râpées, du soja avec du yaourt et comme plat principal: du poisson, du riz et de la ratatouille. En fait, en entrée, nous avons eu un carpaccio de tomates et de poivrons avec une mousse d'avocat, et en plat principal du poisson avec du riz et des gros champignons chinois. J'en conclus donc que cela ne sert à rien de faire des plats si compliqués puisque ça a le goût d'un truc qu'on peut faire chez soi.

Autre inconvénient, impossible de savoir si y'a un cheveu sur le poisson ou une mouche dans son verre, en revanche on peut toujours faire la blague à l'hôtesse. Ce qui est chouette aussi, c'est qu'il est possible de manger la bouche ouverte, de glisser du sel dans le verre de votre voisin toulousain con, ou de faire du pied à la jolie fille de droite... personne n'y verra que du feu, et moi encore moins, d’après ce que j’ai compris, heureusement par la suite, sinon je l'aurai envoyé se faire voir ce con, con…
D'ailleurs, en ce qui concerne les blagues, mes compagnons s'y sont donnés à cœur joie.
Faut dire que le vin était excellent. Je serai bien incapable de vous dire si il était blanc, rosé ou rouge, en tout les cas nous étions tous un peu marrons.
Et vas-y que j’te cache les couverts, et vas-y que je lance des bouts de pain dans le corsage de ma voisine (il a triché, c'est pas possible), et heureusement qu’il n’y avait pas de chariot au milieu de la salle car ils l'auraient vraisemblablement mis sur le chemin de Patience.
Ils ont aussi voulu lui faire croire qu'ils étaient les sosies de Brad Pitt et Georges Clooney. Mais cela ne lui a fait ni chaud ni froid, étant donné qu'elle ne sait pas à quoi ils ressemblent…

Pauvre Patience, je crois qu'à la fin du repas, on lui sortait par les yeux. Quand on est arrivé au dessert, je n'ai pas pu tout finir. J'ai du avoir les yeux plus gros que le ventre.

A la lumière de ce diner, je dirai que c’est une expérience à tenter une fois, d'autant plus que cela ne coûte pas les yeux de la tête.

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